foi ou de croyance, ou de la question de l'existence ou non de Dieu, que dans les temps actuels. On peut dire, vraiment, que c'est un sujet qui ne laisse pas indifférent, et c'est bon signe ! Même chez certains de ceux qui se disent "en révolte" ou "en rejet", la question de Dieu ou de son absence est au coeur de leur réflexion, et ils cherchent, souvent de toutes leurs forces, des réponses qui ne les satisfont jamais complètement. Mais pourquoi certains ont-ils la Foi dure comme fer, qu'ils soient pratiquants ou pas, alors que d'autres se sentent comme dans une sorte de néant, de ciel vide et de coeur en solitude glacée ?
Je n'ai bien sûr pas de réponse toute prête à cette grande question, mais je peux apporter certains éléments, provenant de mon expérience, et de ma... Foi ! Car ma Foi n'est pas un aveuglement ou un refus de voir la réalité... Au contraire, c'est elle - à travers l'enseignement de l'Eglise catholique romaine - qui éclaire mon intelligence et le monde dans lequel je vis.
La chose principale est que la Foi est un don de Dieu. Que l'on croie en Dieu ou pas, on ne peut jamais provoquer entièrement de soi-même le fait de croire. C'est toujours donné de l'extérieur, en accord avec notre intérieur parfois, mais très souvent aussi malgré nous ! Je pense à Saint Paul, premier grand missionnaire chrétien, terrassé par Jésus tandis qu'il chevauchait pour aller continuer à tuer des Chrétiens avec sa rage légendaire...! Beaucoup de gens affirment avoir été "retournés comme une crêpe", lors de leur conversion ; cela ne provient donc pas d'eux, mais c'est un choix purement divin, auquel la personne doit ensuite se soumettre, en reconnaissant humblement que c'est plus fort qu'elle.
Il faudrait aussi préciser ce que l'on entend par "avoir la Foi". C'est une expression utilisée à tort et à travers, au point qu'on ne sait plus trop quoi mettre derrière ce mot "Foi". Le Credo chrétien, que l'on entend à la Messe le Dimanche - "Je crois en Dieu, etc." - est précis et complet, mais tous ceux qui le prononcent croient-ils vraiment ce qu'ils disent, et le mettent-ils en pratique au quotidien ? Ce n'est pas sûr. La Foi chrétienne s'approfondit jour après jour, et chacun suit son propre chemin, toujours unique et original, que seul Dieu connaît entièrement. Lui seul, aussi, sait exactement ce que l'on vit profondément, et à quel moment nous serons prêts à L'accueillir personnellement dans notre vie - ce qui, bien souvent, se produit ultimement, c'est-à-dire à l'heure de la mort ! Quel moment sacré que celui-là, qu'il faut soigner et accompagner de façon toute particulière...
Peut-être, quand on entend quelqu'un dire qu'il "a la Foi", faut-il lui demander en quoi il croit exactement ? Et, en définitive, tout ce qui nous porte et nous donne de la force, dans notre vie, peut être considéré comme un don de Dieu, que l'on en ait conscience, ou pas. J'ai réentendu, il y a peu de temps, la chanson d'Ophélie Winter - dont je me moquais légèrement à l'époque - "Dieu m'a donné la Foi". Elle-même croit fortement en Jésus, comme beaucoup de personnes en France, souvent assez éloignées de l'Eglise. Mais sa chanson dit "J'ai dans le coeur cette force qui guide mes pas". Je pense que tout le monde - bon ou méchant, jeune ou moins jeune, religieux ou athée - fait l'expérience d'une "force qui guide ses pas". J'aime beaucoup aussi cette expression de "nécessité intérieure", que l'on peut retrouver dans un langage philosophique ou bien dans l'expérience de notre vie à tous. Cette force qui nous pousse, en profondeur, vers ce qui nous semble le plus important, le plus vrai, le plus bénéfique pour nous ou pour nos proches, n'est-ce pas déjà cela, "avoir la Foi" ?
Bien sûr, l'Eglise peut nous enrichir énormément, par ce que l'on appelle "l'intelligence de la Foi", qui est une formidable explication des mécanismes qui régissent la vie et le monde, et nous-même individuellement. On peut ainsi entrer dans une profondeur spirituelle et humaine, et une puissance et un rayonnement assez incroyables - et souvent peu connus en-dehors de l'Eglise (ou même à l'intérieur d'elle !), ce qui est vraiment dommage. Mais peut-être que, finalement, tous les bienfaits quotidiens dont profite chaque être humain, même si c'est en quantités minimales, sont déjà un grand don de Dieu... Et toute vie, simplement, est porteuse naturellement d'une force qui ressemble à la "Foi", à la nécessité d'être et de grandir... A chacun de trouver les bons "tuteurs" pour sa propre croissance... et c'est là que l'on peut avoir besoin des nombreux repères et nourritures qu'offre l'Eglise, de peur de pousser, certes, avec la foi d'une belle plante, mais qui peut aussi, si elle est mal orientée, conduire à partir complètement de travers ! Et vivre vraiment de Jésus, dans l'Eglise, n'est-ce pas un bonheur bien plus grand que toutes les sortes de "foi" plus ou moins empoisonnées qui existent dans le monde ? (je ne parle pas des autres religions, mais des choses plus ou moins nobles dans lesquelles nous mettons notre "Foi" !)
La vraie question n'est-elle pas, finalement : "est-ce que je veux vraiment avoir la Foi" (et alors, si je le désire, je pourrai l'avoir et l'approfondir, avec des frères et soeurs authentiques, dans l'Eglise, en me laissant conduire par le Saint Esprit de Dieu) ? Et, si non, pourquoi je ne veux pas l'avoir ? Et est-ce que mes réponses tiennent la route, et sont cohérentes avec le désir de vie et de bonheur infinis, que je possède au fond de moi ?
Mais dans tous les cas, bien sûr, chacun est libre ! Et c'est bien cela le plus grand don de Dieu, peut-être encore plus que la "Foi" : la liberté (de croire ou de ne pas croire, par exemple) !! Sachant que, même en comptant avec la liberté, "rien n'est impossible à Dieu" (Evangile de Luc, chapitre 1, verset 37)... Il saura, en tout, nous surprendre au bon moment ! Et heureusement que sa Puissance est bien au-delà de ce que nous pouvons toucher ou comprendre "par la Foi", ou sans elle...
Prenez bien soin de vous, et gare à la crise de foi ;-)
Estelle*.