Comment la sobriété m'enrichit...

Par Le 04/09/2016 2

 

L'argent en pluie

 

La sobriété, une bonne résolution en ce temps de rentrée ? Oui, pourquoi pas ! Personnellement, je tenais à vous partager les effets super positifs de la sobriété vécue à tous les niveaux de ma vie (et je connais plein de personnes qui vivent de cette manière également et en sont très heureux !).

Non, je ne vais pas vous parler d’alcool.

Je ne vais pas vous parler non plus de privations. Je ne vous parlerai pas de choses frustrantes et trop difficiles à mettre en œuvre pour nous, pauvres mortels.  Il ne s’agit pas de se placer la barre très haut, mais au contraire de l’abaisser à tel point que tout nous deviendra possible… Paradoxal ? Non, plutôt logique, vous allez voir.

Voici donc mes quelques expériences, en matière de sobriété qui conduit à la paix :

Déjà, je suis vraiment très heureuse de ne pas être riche ! Cela vous choque ? Chacun est libre et possède ses propres goûts, qu’ils soient modérés ou de luxe : je ne jette pas du tout la pierre, mais je témoigne seulement de ma propre façon de voir les choses :). Et, bien sûr, beaucoup de gens aimeraient bien avoir plus d’argent, et tout peut se comprendre ! Mais, très personnellement, si j’en possédais beaucoup, je crois que cela m’embarrasserait fortement et me donnerait beaucoup de frustration de ne pas savoir véritablement quelle dépense pourrait me combler et m’apporter un surcroît de bonheur… Si l’argent est là pour « combler », justement, c’est mal parti, car « combler » signifie remplir un vide : vide affectif, vide social, vide spirituel… Dans tous les cas, boucher régulièrement ces trous de nos vies par des dépenses pas vraiment nécessaires, ne s’avérera comblant que durant quelques minutes, voire quelques jours, avant le prochain manque à combler… On comprend vite qu’un tel comportement entraîne une forme d’esclavage vis-à-vis du matériel, et mène, au mieux, à une frivolité qui fait perdre de vue les choses importantes (et vraiment comblantes !) de la vie. Vous me suivez ?

Ensuite, j’ai remarqué qu’un budget relativement  serré évite beaucoup de dispersion de tous ordres : en tant que femme, la tentation d’acheter toujours de nouveaux vêtements ou accessoires est omniprésente chez moi… Du coup, le fait de devoir reporter à plus tard des achats désirés me permet un détachement qui, ensuite, m’aide à voir quels articles je désire vraiment posséder, et dont j’ai vraiment besoin dans ma garde-robe ! Ouf ! Je gagne beaucoup de temps, beaucoup de calme intérieur et, forcément, mon porte-monnaie me remercie :). Prendre le temps pour faire ce tri mental entre choses nécessaires/choses vraiment superflues m’aide aussi à mieux savourer ce qui est déjà en ma possession et à m’en réjouir profondément. C’est tout simple, mais très efficace pour le moral et cela produit un rapport équilibré aux choses matérielles, beaucoup moins de tentations extérieures, et donc un surplus de vie et d’humanité. Car l’attachement excessif aux objets produit un aveuglement et une attention détournée des réelles beautés de la vie. Que l’on soit riche ou pas, cet effort de sobriété peut donc nous profiter grandement et enrichir notre quotidien en belles rencontres et joies des choses simples. Là je pense que vous commencez à bien comprendre le propos de mon article, n’est-ce pas ?

Mais attention, pour moi, il est aussi très important de m’accorder toujours une part de superflu et de pur plaisir dans mes dépenses mensuelles, même si cela se résume parfois à peu de choses, au vu de mon budget assez limité. Pas grave ! Tout un chacun a besoin de s’offrir des largesses de temps en temps, en-dehors du strict cadre des achats dits « vitaux ». Le superflu a aussi sa part de nécessité, et oui ! Car nous sommes faits pour l’abondance… A condition de ne pas se laisser manger par elle (dixit la chanson bien connue de Jean-Jacques Goldman : « J'ai pris les choses et les choses m’ont pris ») !

En parlant d’abondance, je mets à terre au passage l’idée toute faite selon laquelle le christianisme serait contre les richesses et pour une sobriété dépourvue d’attraits… Totalement faux et incohérent, au vu de ce que je viens d’expliquer plus haut !

Rares sont les personnes qui sont appelées à renoncer aux possessions matérielles pour embrasser une vie de joyeux dépouillement libre et volontaire. Réjouissons-nous donc de ce que nous avons et dont nous avons naturellement besoin, en tant qu’êtres incarnés et concrets. Qui peut dire qu’il n’a besoin d’aucune chose pour vivre ? Cela implique forcément un mode de vie très particulier, dans lequel les richesses et le bonheur sont d’un autre ordre, et où le relationnel et le spirituel prennent une part magistrale (et encore, c’est à nuancer, car la vie religieuse est la plupart du temps extrêmement concrète, malgré le renoncement à la possession matérielle). Et heureusement que certaines personnes sont appelées à vivre cela, et à en rayonner de joie (si si, c’est plus fréquent que vous ne pensez !), pour nous montrer une direction à suivre, et nous éviter, justement, les écueils matérialistes dont je parlais.

Mais restons chacun à notre place et dans notre propre vocation, si elle nous paraît juste et adaptée pour nous-même (à condition quand même de bien se connaître et de bien connaître les différents appels qui peuvent exister) !

Enfin, il y a un point capital dans le fait de vivre la sobriété : c’est la paix de la conscience et le bien fait au prochain. Si Jésus dit dans l’Evangile « Ne thésaurisez pas » = « n’amassez pas des richesses pour les laisser dormir dans un coin », c’est que c’est bien une des clés du vrai bonheur, et que c’est aussi un mode d’emploi pour la vie tous ensemble. Car comment construire un monde juste et équitable, si chacun garde pour lui des choses qui pourraient servir à d’autres qui sont dans le besoin, et n’ont pas, eux, le nécessaire pour le quotidien ? Grave question que celle-là… Je ne parle évidemment pas des choses ou de l’argent mis de côté pour l’avenir des enfants ou les projets de vie quels qu’ils soient, ou encore en cas de coup dur. Il ne s’agit pas non plus de créer une culpabilité, mais plutôt de voir comment « soulager » notre conscience - et notre prochain par la même occasion - grâce à quelques efforts, par exemple de tri ou de rangement réguliers, afin de voir ce que, raisonnablement, je pourrais laisser à d’autres personnes qui en ont peut-être besoin. Simple démarche, qui rétablira un équilibre dont notre monde a cruellement besoin : mais chacun selon sa mesure et là où il vit, pas besoin de porter le poids de la misère mondiale, bien sûr !

D'autant que le fait de prendre soin de mon prochain du fond du coeur, a logiquement (selon une logique toute divine) le sympathique effet boomerang de faire que je ne manque de rien, et que je suis même rassasiée au-delà de mes besoins, malgré et dans cette sobriété volontaire ou pas... C'est déjà une forme de miracle, non ? (Moi ça me rappelle forcément l'épisode de la multiplication des pains par Jésus, dans l'Evangile... C'est ce que je vis au quotidien, à tous les niveaux !)

J’en ai presque fini avec ce sujet. J’espère ne pas avoir dit trop d’évidences. Dans mon cas, c’est vraiment la prière et ma vie spirituelle chrétienne qui m’ont enseigné et donné de vivre de cette manière (en particulier le grand Saint Joseph, qui est un gestionnaire hors pair !!), mais je pense que c’est accessible à chacun s’il le désire, au prix d’une bonne réflexion et de choix courageux au quotidien. Cela rejoint la notion de « partage », qui devient à la mode en Occident, mais qui ne doit pas cacher une dimension éthique et profondément vitale pour nos sociétés modernes. Peut-être renoncerait-on moins à accueillir de nouvelles petites vies humaines si le matériel ne prenait pas tant de place dans nos vies, et si l’accaparement des richesses ne nous fermait pas tant le cœur et le porte-monnaie ?

A noter aussi que la multiplication démesurée des objets et l’envahissement matériel créent un appauvrissement global et une perte de sens et de valeur, pourtant méritée pour les productions sorties de nos esprits et de nos mains. Nous sommes actuellement au beau milieu de ce phénomène mystérieux : de plus en plus de biens matériels accessibles et pourtant de plus en plus de difficultés à gagner notre vie décemment… C’est une maladie sociale et individuelle qui pourrait, pour ceux qui le désirent, trouver guérison et pacification par la grâce de Dieu dans le sacrement de Confession, aussi appelé sacrement de Réconciliation, car, pleinement vécu, il nous réconcilie peu à peu avec nous-mêmes, avec nos proches et avec notre prochain : un bienfait divin parmi d’autres, qui permet, progressivement, de se libérer des nombreux obstacles au vrai, riche et entier Bonheur, auquel nous avons tous droit, ici et dans l'Eternité !

Bon tri de rentrée à chacun et chacune !

Bien à vous,

Estelle*.

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Commentaires

  • Hervé de Tonquédec

    1 Hervé de Tonquédec Le 01/11/2016

    Bonjour Estelle,

    Votre article me fait immanquablement songer à ce petit ouvrage d'un certain Louis Doré "Gagner deux fois plus d'argent...tout en vivant mieux" que j'ai découvert il y a quelque temps.
    ici > http://www.atramenta.net/authors/louis-dore/66412

    Sinon, connaissez-vous aussi le mouvement "Colibris" initié par Pierre Rahbi ?

    Amitiés
    Hervé
    tell_s

    tell_s Le 13/11/2016

    Merci Hervé pour ces précisions ! Je vais donc aller me documenter de ce pas :))... Mes contributions à moi sont un peu plus modestes, mais elles ont l'intérêt d'être du vécu, et de mêler spiritualité et vie concrète, pour permettre de redécouvrir que la foi chrétienne ne plane pas constamment dans les hautes sphères inaccessibles au commun des mortels ;) ! Dieu veut prendre part à notre quotidien et nous y rejoindre pour toujours plus de bonheur... Et, effectivement, les apports que vous mentionnez rejoignent cette volonté de construire un monde plus humain et hospitalier.

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